mardi 5 février 2008

--- Pour D2, nous avons adopté une approche moléculaire. Nous avons mis l'accent sur les échanges et rencontres, imprévus, fragiles et directs entre les artistes et les passants. ---

--- A l’inverse d’une exposition traditionnelle, les œuvres réalisées pour D2 n’ont pas été conçu pour être vue/vécu dans un ensemble. Ce qui faisait corps était le tout que formait la commune avec les œuvres. ---





(photographie de l'entrée de la commune)






GLOSSAIRE RÉALISÉ POUR D2


- Qu'entendons-nous par l'emploi du terme infiltration?
- Nous ne parlons pas d'espace public mais bel et bien d'espace collectif!
- D2, un laboratoire de recherche
- Notre intérêt pour une 'commune annexe'
- Pourquoi D2?




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Qu'entendons-nous par l'emploi du terme infiltration?

Au contraire de l’exposition, qui pose l’œuvre uniquement comme un objet à voir, l’infiltration artistique a permis de créer un dialogue entre les projets et l’espace collectif.
Les projets, à l’inverse du spectaculaire, étaient discrets. Certains se sont mélangés avec le décor urbain en reprenant les codes des panneaux signalétiques ou de protection routière. D’autres, étaient des actions qui passaient presque inaperçues, telles Les vacances de San Keller ou l’enquête de Microsillons sur la statue du rire. Renaud Codron a injecté des mots et des phrases ambiguës dans le paysage urbains, libre au passant d’en tirer ses propres conclusions. Des écrans télé dans les bars locaux ont permis de découvrir la vidéo du Studio de sculpture sociale.
De cette façon, l’art s’est infiltré dans la vie quotidienne. Il n’avait plus son statut ‘d’œuvre d’art’ avec toutes les connotations et les incompréhensions que cela peut invoquer. Il a eu sa propre existence dans l’espace collectif tout en provoquant des perturbations impromptues chez les passants.
L’acte d’infiltration a eu lieu dans la commune de Reignier, mais aussi au niveau du paysage institutionnel de l’art contemporain en France. Autonome initiative de Laps, D2 a pu voir le jour grâce à l’ouverture d’esprit et la curiosité de la commune de Reignier. L’événement n’était ni rattaché à un enjeu politique, ni économique. Il existait simplement.


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Nous ne parlons pas d'espace public mais bel et bien d'espace collectif!

« Collectif : qui comprend ou concerne un ensemble de personnes. » (Le Petit Robert)

D2 utilise le terme espace ‘collectif’ plutôt qu’espace public, car ce dernier fait seulement référence à la ville en tant qu’agglomération en opposition à la campagne. D2 n’est pas seulement intéressé par l’espace architectural et son aménagement, mais aussi, et surtout, par la façon dont le citoyen habite cet espace. Impossible d’explorer l’espace urbain sans dialoguer avec ses habitants. La ville est l’issu d’un besoin profond chez l’homme de se rassembler, de s’entourer de ses confrères. C’est l’homme qui crée la ville et ce sont ses besoins, ses modes de vie et ses préoccupations qui la façonne.
L’espace ‘public’ est un terme trop imprécis. Il implique une opposition à l’espace privé certes, mais ne se restreint pas forcement à l’espace citadin. La plage, la campagne, les auto-routes, les trottoirs, la montagne ; n’est-ce pas tous de l’espace public ?
En utilisant le terme ‘espace collectif’, D2 veut signifier l’union du collectif – l’ensemble de personnes vivant dans une collectivité – et son espace de vie.


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D2, un laboratoire de recherche

D2 a été conçu dès le départ comme un événement ainsi qu’un laboratoire de recherche sur les modes de création et d’intervention artistique dans l’espace collectif. La problématique de la ‘commune annexe’ a été prise comme point de départ. La commune de Reignier a donné carte blanche au projet, laissant un champ d’expérimentation libre pour aller jusqu’au bout des idées dans les limites d’un budget restreint.
D2 est un questionnement du rôle, des limites, de la définition, de l’expérience et de la 'créativité' de l’art dans l’espace collectif.
D2 a choisi d’être présent sur Internet sous la forme d’un blog. Au-delà du prix prohibitif de la création d’un site web, D2 a préféré ce mode de communication d’informations car il n’est pas uniquement un outil de diffusion. Il est également un outil d’échange. Le public est libre, et vivement encouragé, a laisser leurs commentaires sur le blog.
Le projet de San Keller est uniquement visible sur le blog. Il a privilégié ce support comme outil d’échange pour son séjour à Reignier.
Une publication l’événement va voir le jour. Elle ne sera pas un simple catalogue des projets réalisés. Elle va réunir des textes rédigés par un large cercle de contributeurs qui réfléchissent sur l’expérience réalisée, sur les questions et problématiques qu’elle a soulevé, et aussi sur des perspectives pour l’avenir.


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Notre intérêt pour une ‘commune annexe’

La ‘commune annexe’ est un terme qui a été créé pour définir les localités périurbaines, telle Reignier, qui ne sont ni village, ni ville et qui ont subie une forte et rapide expansion économique et urbaine du fait de leur proximité de grandes villes avoisinantes.
Le terme ‘ville dortoir’ ne peut pas être employé ici car il s’agit d’anciennes communautés agricoles qui ont leur propre identité et histoire, bien que largement effacée par l’expansion immobilière et le déplacement des emplois en ville, et ne sont pas des cités créées au seul but de loger des personnes travaillant en ville.
La ‘commune annexe’ est confrontée au problème de la perte d’identité locale due à l’importante place prise des villes avoisinantes – ou simplement l’extérieur - dans la vie de la population locale. La construction immobilière est généralement fait rapidement sans prendre en considération une vision globale de la géographie de la commune pour les années à venir.
La ‘commune annexe’ gagne économiquement par sa proximité à ses grandes sœurs, mais doit se battre pour garder son identité, son histoire et pour être maître de son avenir.



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Pourquoi D2?

Il s’agit de la route départementale 2 qui traverse Reignier. Impossible de penser à Reignier sans parler du D2, cet artère qui construit et constitue le cœur de la commune.
L’importance de la D2 dans l’évolution urbaine, sociale et économique de Reignier est fondamentale. Sa construction a ouvert Reignier, à l’époque une petite commune agricole, à Annemasse et à la Roche et, par conséquent, aux grandes villes avoisinantes; telles Genève et Annecy. L’espace urbain de la commune a été développé aux côtés de la route et s’est étendu avec le temps.
A cause de la départementale 2, Reignier a la particularité d’être une collectivité urbaine sans ‘centre’ ou place centrale. Toute la vie commerciale et sociale de Reignier est construite sur les bords de la D2. Les lieux de rassemblement importants de la vie collective – l’église, la place du marché, la mairie – sont en bordure de la D2. De cette façon, aucune hiérarchie spatiale n’existe entre les lieux de vie ‘politique’ et les commerces locaux.
A la place d’un centre piéton où l’habitant se sent en ‘sécurité’, à l’écart de la circulation et où il peut s’approprier le cœur de sa ville, la D2 introduit la voiture au centre de la vie collective. La commune de Reignier à un artère central plutôt qu’une place centrale.
La D2 est traversée nuit et jour par des voitures et la présence de l’étranger ou du passant est toujours présente par le bruit et la vitesse. La commune est placé sous les signes du flux et du déplacement.
Néanmoins, les Reignerands se sont appropriés ce centre artériel et l’ont intégré dans leur mode de vie. Comme dans toute communauté rurbaine, la voiture est un moyen essentiel pour se rendre à son travail, pour faire les courses, pour se rendre chez des amis. Le déplacement en voiture ou à moto est donc central à la vie à Reignier. Ainsi, il est impossible de traverser la commune sans entendre les klaxons des personnes qui se saluent depuis leur voiture. La D2 devient un artère vital où la population locale se retrouvent en se déplaçant.
Reignier et la D2 sont indissociables. L’espace collectif s’est construit autour de cet axe qui, par sa définition, ouvre Reignier sur l’extérieur et a amené les changements qui ont éloigné la commune de son identité de communauté rurale.